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jeudi 7 avril 2016

WILD WILD HORSES

The Rolling Stones sont probablement l'un des groupes les plus célèbres de l'histoire de la musique, on est d'accord. Parfois, à la cinquantième écoute d'Angie, on peut se poser la question: mais pourquoi donc ? Moi-même, je doute, je m'interroge: je ne suis pas en transe en écoutant chacun de leurs morceaux – devrais-je aller me faire un petit check-up auriculaire? Ai-je perdu tout sens musical? Est-ce que je vais finir par écouter du Kendji du soir au matin, dans un pavillon de banlieue avec trois gosses insupportables et des racines apparentes dans mes cheveux jaune pisse?

Heureusement, mes remises en question existentielles s'achèvent vite devant des morceaux qui apparaissent comme des évidences. Wild Horses en fait partie. Je pense que la beauté de ce morceau a été dissertée moult fois par des gens bien plus savants que moi donc je vous épargnerai l'analyse note par note.

Wild Horses est, d'une certaine manière, une chanson écrite à trois paires de main (ça fait six mains, pour ceux qui ne suivent pas au fond).

D'abord, les deux premiers vers: "Childhood living is easy to do/ The things you wanted I bought them for you" (La vie est facile quand on est enfant/ Les choses que tu désirais, je les achetais pour toi). Ça, mes amis, c'est signé Keith Richards, qui a commencé une chanson pour son fils Marlon sans jamais la terminer. Il a donc refilé ses deux phrases à Mick Jagger, qui a écrit à la suite une chanson d'amour déchirante destinée à Marianne Faithfull, avec qui il entretenait une relation tourmentée à l'époque. Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme.


Réflexion faite, ce n'est peut être pas l'illustration la plus flagrante 
des sentiments profonds qu'ils se portaient l'un à l'autre

Enfin, le refrain, qui reprend l'image la plus kitsch de tous les temps: "Wild wild horses/ Couldn't drag me away" (Les chevaux sauvages/ N'ont pas réussi à m'emporter). Vous les voyez ces chevaux blancs qui courent sur une plage au soleil couchant, le tout lourdement photoshoppé? Mais oui, vous savez, la photo de profil de votre tata Monique sur Facebook. C'était un pari très risqué que d'essayer d'en faire une chanson d'amour torturé. Et pourtant, ça fonctionne. En fait, ça ne fait pas que fonctionner: pour peu que vous ayez eu une longue journée, il y a de quoi vous retrouver roulé en boule, sanglotant sous la douche en beuglant la chanson en yaourt. Ce même refrain est d'autant plus une claque quand on sait que Mick Jagger l'a tout simplement emprunté à Marianne qui, échappant de peu à la mort après une overdose, a prononcé ces mots exacts en se réveillant.


Lady Marianne

Si vous n'y êtes toujours pas sensible, penchez-vous simplement sur la chanson elle-même: deux personnes qui s'aiment et pourtant se détruisent, cherchent à se faire du mal sans jamais réussir à se repousser. Il y a de l'amour inconditionnel, de la haine, du ressentiment, de la tendresse, de l'inquiétude, et une forme très particulière de colère fatiguée. C'est peut-être une chanson de rupture ("Faith has been broken, tears must be cried/ Let's do some living after we die"), ou peut-être l'acceptation d'un homme qui sait qu'un tourbillon de chagrin et de tourment l'attend mais refuse d'abandon- C'EST LA PLUS BELLE CHANSON DU MONDE C'EST UN PUTAIN DE CHEF-D'OEUVRE OKAY? Hum.



Wild, wild horses we'll ride them some day


Memento mori, bitches

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